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Mon accident de moto – 2018

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Le 8 mai 2018 restera comme la frontière entre ma vie d’avant et ma vie d’après. Ce jour-là, tout bascule : un choc violent sur une route de Chaudfontaine, une hospitalisation lourde, la perte de ma maman, puis une reconstruction longue et douloureuse.

L’accident qui a changé ma vie

La veille au soir, le CHU de Liège m’avait appelé : l’opération de ma maman s’était mal déroulée. Le lendemain matin, je roulais calmement en moto pour aller chercher des affaires avant de retourner à l’hôpital.

En dépassant un cycliste, une voiture garée sur la droite s’est soudain engagée sur la route pour effectuer un demi-tour complet, directement devant moi, sans regarder. Surpris, j’ai freiné trop fort de l’avant. L’arrière s’est levé, la moto s’est cabrée, et mon corps a percuté le flanc du véhicule avant de glisser sur le capot. Je suis resté conscient, mais mes blessures étaient graves : bras fracturé avec l’os visible, jambe déboîtée, bassin complètement explosé.

Les ambulanciers m’ont découpé mes vêtements sur la route. J’ai insisté pour être emmené au CHU, là où se trouvait ma maman, même si un autre hôpital était plus proche. Dans l’ambulance, tout s’est éteint. Un néant total.

Je me suis réveillé plus tard au CHU, entouré de perfusions, de drains et d’un appareil maintenant ma jambe. Ma première question a été pour ma maman.

L’annonce que personne ne veut entendre

Les jours suivants ont été terribles : douleur physique, confusion, angoisse permanente. Une semaine après l’accident, un médecin et une infirmière sont venus dans ma chambre. À leur visage, j’ai compris immédiatement. On m’a annoncé que ma maman allait décéder.

On a descendu mon lit pour me placer à ses côtés. Mon brancard a été mis contre son lit, et j’ai pu lui parler une dernière fois.

Lorsque les funérailles ont été organisées, j’étais immobilisé, incapable de marcher. Pourtant, c’est moi qui ai tout géré depuis mon lit d’hôpital pour que je puisse assister à l’enterrement. Je voulais être présent, quoi qu’il arrive. Le jour venu, on m’a transporté en ambulance, sur un brancard placé dans la pièce où se déroulait l’hommage. Ensuite, le cortège a accompagné le cercueil jusqu’au cimetière. Je suivais dans l’ambulance, derrière le corbillard. J’ai assisté à l’inhumation. Puis, on m’a ramené au CHU.

Durant toute cette période, ma marraine a été un soutien essentiel. Une présence indispensable.

Convalescence aux Heures Claires

Après le CHU, j’ai été transféré aux Heures Claires, une maison de repos principalement destinée aux personnes âgées. Un contraste violent pour un homme de 46 ans. Sous morphine et sous une quantité énorme de médicaments, je vivais dans une brume permanente. Les soins étaient parfois brusques, la toilette était une humiliation quotidienne, et je me sentais brisé.

C’est aussi aux Heures Claires qu’un incident majeur s’est produit : pendant une toilette, une infirmière a mal manipulé ma jambe et a déboîté ma hanche, déjà fragilisée. Je ne comprendrai les conséquences que plus tard.

Retour au CHU : la hanche artificielle

Lorsque je suis retourné au Valdor pour une vraie rééducation, les kinés ont remarqué que ma jambe droite était plus courte que la gauche. Après examens, la vérité est tombée : la hanche avait été déboîtée lors de cette toilette.

J’ai été renvoyé au CHU pour une nouvelle opération : la pose d’une hanche artificielle.

Le début de la reconstruction

Après l’opération, je suis revenu au Valdor. Toujours en chaise roulante, encore très affaibli, mais déterminé. C’est là que j’ai vécu un moment marquant : la visite de ma marraine. Quand elle est entrée dans la chambre, j’ai mis les freins à la chaise roulante, pris appui, et je me suis levé pour la prendre dans mes bras. La première fois debout depuis des semaines. Un moment gravé en moi.

Reprendre le contrôle : arrêter les psychotropes

C’est également au Valdor, après la pose de ma hanche artificielle, que j’ai voulu comprendre exactement ce qu’on m’administrait. J’avais la feuille de médicaments dans ma chambre, et j’ai cherché chaque nom sur Internet.

C’est là que j’ai découvert que, parmi les antidouleurs nécessaires, on me donnait aussi des psychotropes : Xanax, Kalman, anxiolytiques, antidépresseurs. Une chimie lourde qui m’endormait mentalement.

J’ai décidé d’arrêter immédiatement tout ce qui n’était pas indispensable à la douleur physique. Le sevrage a été très difficile : pleurs, angoisse, confusion. Je m’isolais pour ne pas que les autres me voient. Mais une semaine plus tard, la clarté mentale est revenue. C’était indispensable pour avancer.

Les séquelles

L’accident a touché le nerf péronier, celui qui permet de relever le pied. Pendant des années, j’ai dû porter une attelle pour éviter les chutes. Depuis 2023, j’ai récupéré une partie de la mobilité du pied. Je devrais encore mettre l’attelle, mais je ne la mets plus par fierté.

Aujourd’hui, je peux marcher normalement tant que je reste concentré sur le mouvement. Si je n’y pense pas, mon pied ne suit pas naturellement. Courir est impossible : mon pied ne réagit pas assez vite pour le rythme. Et lorsque je marche trop longtemps, mon côté droit se fatigue.

Mais le plus difficile aujourd’hui, ce sont les douleurs.

Le choc violent — percuter une voiture, la déclasser, passer au-dessus, et atterrir sur le dos — a traumatisé tout mon corps. Toutes mes cervicales ont encaissé la violence, et avec le temps, de l’arthrose s’est installée partout : dos, bassin, hanche, cou, épaules. Dès qu’il fait humide, je le sens immédiatement.

Avec les mois, un état proche de la fibromyalgie s’est installé : douleurs diffuses dans tout le corps, hypersensibilité, fatigue chronique.
À cela s’ajoutent les séquelles de la sonde urinaire restée trop longtemps, qui ont laissé des problèmes persistants.

Aujourd’hui, je vis avec ces douleurs en permanence. Elles font partie de mon quotidien.
Mais malgré tout, j’avance, j’apprends à m’adapter et je continue à vivre ma vie.